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Plantes couvre-sol Pour mieux désherber, végétaliser !

Des couverts efficaces pour contrôler les adventices ont été identifiés dans différentes situations, dans le cadre d’un projet interfilière.

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Pour se passer d’herbicides, un besoin d’alternatives au désherbage mécanique est identifié dans plusieurs filières. En horticulture et dans les pépinières, le désherbage peut concerner les interrangs, mais aussi les plantes en pot, les abords de parcelles… Le projet PlacoHB (plantes couvre-sol comme contribution au contrôle des adventices et à la promotion de la biodiversité) vise à proposer des solutions d’enherbement spécifiques pour divers usages.

Les couverts végétaux constituent une alternative au désherbage, peu coûteuse et vertueuse. Les avantages sont multiples : réduire la main-d’œuvre dans le cas d’un désherbage manuel, apporter une plus-value esthétique, favoriser la biodiversité, améliorer la structure du sol... Les espèces utilisées dans cette optique doivent occuper rapidement et efficacement le milieu pour limiter l’installation des adventices, sans entraîner de concurrence vis-à-vis de la culture. Le projet, qui s’est terminé en 2019, réunissait seize partenaires de plusieurs filières (l’horticulture, le maraîchage, les plantes à parfum, aromatiques, médicinales et con­dimentaires (PPAMC), la viticulture). Chacun a testé des plantes couvre-sol vivaces ou des mélanges de graminées. Pour la filière ornementale, c’est l’institut technique horticole Astredhor, pilote du programme, qui a effectué les tests.

Enherbement de grandes zones

Une première partie des travaux consistait à sélectionner puis évaluer certaines espèces, mais aussi à recenser l’entomo­faune présente (auxiliaires et ravageurs). Les plantes testées devaient répondre à quelques critères : des plantes basses, à faible entretien, développement rapide et multiplication surtout végétative. Mais qui doivent aussi pouvoir supporter les conditions de leur milieu d’implantation et ne doivent pas constituer un refuge pour les ravageurs. Pour les plantes installées dans l’optique de limiter la propagation des adventices, la concurrence pouvait être directe (accès aux ressources) ou indirecte (par allélopathie, lire l’encadré).

La deuxième partie du projet visait à déterminer la technique de multiplication se révélant la plus adaptée (semis, bouturage…). Même chose pour les techniques de mise en place : quand et sous quelle forme­ (semis, godets, tapis…) est-elle la plus efficace ? Un pan du projet s’intéressait aussi à l’entretien du couvert (fauche, broyage...).

« Pour valider la correspondance entre ces critères et le choix des espèces, des tests en mini-parcelles ont été réalisés », expliquait Guillaume Goanvic, de la station Arexhor Pays de la Loire, lors des portes ouvertes virtuelles le 24 septembre. Au total, ce sont 80 parcelles de 1 m² qui ont accueilli différents types de végétaux. Des couverts semés et des vivaces ont été testés. Les premiers sont des solutions généralistes. Plusieurs mélanges se montrent prometteurs en gazons et graminées. Notamment, trois gazons et un mélange fleuri*. Les gazons demandent une tonte par an et une implantation automnale est à privilégier. Ces couverts sont adaptés pour de grandes surfaces.

Mais dans certaines conditions comme les abords de parcelles ou les pieds des arbres­, ce type de plante n’est pas toujours adapté. Les vivaces correspondent alors davantage aux attentes.

La gestion des abords de parcelles

Hormis le fait qu’elles soient des zones difficiles d’entretien, les abords de par­celles, les entre-tunnels, les bords de bâtiments sont soumis à des contraintes spécifiques. En particulier, un piétinement fréquent par les salariés et les véhicules. Mais aussi, l’absence d’arrosage en dehors des précipitations naturelles ou, inver­sement, un, voire deux arrosages quotidiens par les asperseurs de la culture adjacente, ou un type de sol peu propice à l’installation de végétaux.

Des essais ont été effectués pour ces zones non cultivées par deux stations (Arexhor Pays de la Loire et CDHR Centre-Val de Loire). En complément des tests en parcelles de 1 m², les plantes couvre-sol ont été testées directement autour de serres, de tunnels et de parcelles de culture dans des sols en remblais de graves et sableux.

Les résultats indiquent que, pour une colonisation rapide de la zone à enherber, il vaut mieux privilégier le printemps plutôt que l’automne pour l’implantation. Parmi les plantes testées, Matricaria tchihatchewii, Achillea crithmifolia, Phuopsis stylosa et Plantago coronopus sont les plus rapides à couvrir la zone et à concurrencer le développement des adventices.

La matricaire, reine des pieds d’arbres

En ce qui concerne la production en pots et les pieds d’arbres en ville, le désherbage manuel est complexe. Et, comme pour les abords de parcelles, l’entretien des couverts végétaux implantés ne doit pas être plus contraignant que celui du désher­bage pour être pertinent. L’essai, effectué par la station Arexhor Pays de la Loire sur des liquidambars, a été mené en conditions de confort pour les plantes : un arrosage abondant et un apport d’engrais dans le pot durant toute la durée de la culture. Les évaluations des plantes se sont basées sur différents cri­tères : leur pourcentage de recouvrement et la surface qu’elles occupaient ; le pourcentage de recouvrement en adventices (afin d’évaluer la concurrence potentielle des couvre-sol) ; la hauteur et le diamètre des liquidambars et enfin la diversité d’arthropodes présents.

Le recouvrement a été mesuré au rythme d’une fois par mois. En pépinière d’ornement, quatre plantes couvre-sol ont été sélectionnées : Phuopsis stylosa, Thymus longicaulis, Veronica x cantiana et Matricaria tchihatchewii. L’espèce la plus rapide à s’implanter est la matricaire, avec 100 % de la surface du pot recouverte en seulement un mois. La plus lente est le thym. Trois mois lui sont en effet­ nécessaires pour occuper 85 %. Les autres ont besoin de près de deux mois pour s’implanter et recouvrir plus de 80 % .

Aucun effet de concurrence des couvre-sol vis-à-vis des ligneux n’a été identifié. Les différences de hauteur n’étaient en effet pas significatives. Mais l’essai a été mené en situation de confort. En pleine terre, et donc en conditions limitantes, les résultats pourraient être différents.

Concernant les ravageurs, Phuopsis stylosa et Matricaria tchihatchewii sont celles qui en hébergent le moins, en nombre mais aussi en diversité.

L’institut technique horticole estime que le principe de plantes couvre-sol au pied des arbres en pot est plutôt destiné aux pépiniéristes vendant aux particuliers, avec plusieurs arguments de vente comme : embellir le pied, cacher un pot, limiter l’entretien après la plantation. Mais les paysagistes et les collectivités pourraient également être concernés. Les plantes seraient directement installées avec leur couvre-sol, pour un entretien réduit.

Léna Hespel

*Pour les gazons : Euronature TPV2 de DLF, Pépinière terrain sec de Kabelis et Arboriculture fruit de Kabelis. Pour le mélange fleuri : Produit 2 de Nova­-Flore.

Des résultats plus détaillés sont à retrouver sur le site du projet : https://wiki.itab-lab.fr/PlacoHB/?PagePrincipale

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